Delphine Mogarra · Écumes 2024-2025
La pratique de Delphine Mogarra est poreuse au contexte naturel et social. Elle mène différents projets de transmission : workshops avec les Beaux-arts de Marseille, enseignante pour les ateliers des Beaux-Arts/ABAMM, et s’attache à ouvrir la création et à sensibiliser à l’art contemporain au sein de l’atelier collectif qu’elle a co-crée en 2016 : l’Atelier Hyph. Animée par ce que le groupe peut activer, elle travaille en résidence avec différents publics (école, centre social, hôpital) pour faire circuler les gestes et les expériences individuelles vers des réalisations collectives. Invitée par le Frac en 2023, elle co-crée une exposition « Boire la terre » avec trois classes d’une école élémentaire à Vitrolles. Elle fait partie des lauréats.tes d’un programme de résidence au Japon en 2023 (Tobichi art museum) où elle expérimentent des rituels participatifs au sein d’une installation évolutive.
« La réflexion de la plasticienne s’articule autour de l’idée de cycle et de l’impermanence des matières : elle travaille les notions de germination et de contamination. Il s’agit de regarder le monde dans ses mouvements avec une attention accrue, à travers une posture constante d’éveil. L’artiste guette les créations spontanées qui nous entourent et les rencontres fortuites de corps. Toute la démarche de Delphine Mogarra repose sur une conviction qui parcourt l’intégralité de son œuvre : tout est vivant. En ce sens, elle développe une recherche qui s’apparente à l’abstraction organique, pistant les présences invisibles, les variations et impulsions des substances, les étapes d’une appropriation par le vivant de son espace. À travers des protocoles expérimentaux, Delphine Mogarra crée un terrain de confusion entre les formes et les médiums qu’elle privilégie : sculpture évolutive, installation et performance. Ses œuvres s’apparentent à des métamorphoses dont chaque étape de la mutation organique est consciencieusement dévoilée. La plasticienne souligne les similitudes de la recherche artistique et de la recherche scientifique et intègre à sa pratique une philosophie de l’empirisme. Il s’agit de penser les processus de création, les méthodes de travail et les résultats en accueillant les tâtonnements, les doutes, les accidents, et en acceptant de se laisser guider, étonner et fasciner par ceux-ci. » Anysia Troin-Guis, édition Latente, Owl’s édition, 2023.
Portrait par Anthony Lanneretonne