Passagen-Passages
Un projet de Michaela Melián & Won Jin Choi
Vernissage
Exposition de Michaela Melián
Samedi 18 octobre 2025 · 18h · Gratuit, ouvert à tous·tes.
Les ateliers blancarde
À l’extérieur de la gare de la Blancarde, accessible 24/7
Le projet transnational de Michaela Melián et Won Jin Choi tisse des récits autour de la migration, de l’exil et du paysage urbain marseillais. Nourris de leurs liens personnels et professionnels avec la ville, ils imaginent des interventions artistiques conçues pour l’espace public — installations sonores, images monumentales, projections, séminaires, ateliers et moments de discussion. Porté par Belsunce Projects (Marseille) et HyCP (Hambourg), le projet fait dialoguer histoires locales et échanges transrégionaux.
Michaela Melian, artiste et musicienne, vit près de Munich et à Marseille. De 2010 à 2023, elle a été professeure de médias temporels à la HfbK Hambourg. Elle s’intéresse aux développements de la société allemande, aux processus d’émigration, de fuite, d’expulsion et d’oubli – à une « politique de la mémoire ». Ses installations multimédias, œuvres sonores et publications explorent les aspects culturels, historiques et topographiques des lieux, des espaces et des objets, ainsi que l’histoire de la réception de biographies individuelles. À partir de multiples fils narratifs, elle crée des arcs qui mettent en contraste faits historiques, souvenirs privés et histoires du quotidien, dont les interactions s’inscrivent profondément dans le contexte socio-politique et historique.
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« Marseille résiste à l’interprétation. Ou plutôt, il existe autant d’interprétations que d’individus.
La plupart de ses habitant·es descendent de celles et ceux venus d’ailleurs. Au fil des siècles, le Vieux-Port absorbe ou rejette ses rejetons au gré des invasions, épidémies, rassemblements, retrouvailles, opportunités. Au milieu du XXe siècle, c’est la guerre qui pousse sur ses quais des Européens en quête d’un nouveau départ. Dans le roman Transit d’Anna Seghers, écrit après son séjour à Marseille dans les années 1940, le narrateur erre entre cafés, consulats et planques, entouré d’autres vies en transit. Le mouvement de ses compagnons de fortune est circulaire, hanté par le sentiment d’arriver soit trop tôt, soit trop tard, et par l’idée d’un éternel recommencement.
Passagen – Passages prolonge ce mouvement au présent, où Marseille se définit moins par l’arrivée ou le départ que par le transit. Le projet explore la manière dont la ville et ses lieux contiennent les stigmates du temps, comment la mémoire habite les rues et comment l’une et l’autre se reconstruisent sans cesse. Sous ou sur le bitume, l’Histoire se foule chaque jour.
Au cœur du projet se trouve le travail de Michaela Melián, artiste et musicienne allemande, dont les anciennes attaches familiales avec le sud de la France se croisent avec des liens professionnels établis dans la ville. Pour Passagen – Passages, elle a créé 17 dessins en noir et blanc, exposés dans un premier temps à la gare de La Blancarde, un lieu où l’on attend, part ou revient. Ils sont comme des signaux invitant à s’arrêter ou à poursuivre sa route. Après un certain temps, l’installation publique des dessins se déplacera vers un quartier voisin, voyageant comme les figures qu’elle évoque : déplacées, instables, insaisissables.
Le projet est né de traces. Il y a des lettres, des gestes, des itinéraires, des noms glissant hors de l’Histoire. Des traces laissées par des vies comme celles d’Helen Hessel, d’Albert O. Hirschman ou de Jesús Argemi Melián. Les recherches de l’artiste questionnent comment ces histoires se transmettent, refusant de figer le sens, laissant la logique fugitive de la ville guider le processus.
Il n’y a pas d’exposition centrale, pas de rassemblement des œuvres en un seul lieu. Passagen – Passages se déploie dans un champ ouvert : un dessin, une voix à la radio, un fragment imprimé, un film, quelques discussions, une histoire à la volée. Ces gestes isolés invitent à réfléchir à ce qui persiste dans une ville poreuse façonnée par le transit. Le dessin est altéré comme les récits eux-mêmes. Ce que l’archive ne peut contenir, la ville le porte encore. Un banc public. Un visage anonyme. Une marche sans destination. Nous tournons autour de ce qui ne peut être nommé. Dans ce mouvement circulaire, les choses finissent par subsister. » – Won Jin Choi
Programme :
Conférence d’Ivor Stodolsky
Lisa Fittko (1909–2005) and the F-Route. Reclaiming the Narrative of the Resistance. On the 20th anniversary of her passing.
Samedi 18 octobre 2025 · 19h30 · Gratuit, ouvert à tous·tes.
Les ateliers blancarde
1 Place de la Gare de la Blancarde, 13004 Marseille
1er étage de la gare SNCF Marseille Blancarde
Ivor Stodolsky est curateur, écrivain et cofondateur et directeur de Perpetuum Mobile (PM), l’ONG internationale qui gère Artists at Risk (AR) et Ecologists at Risk (ER). AR/ER offre des résidences à des praticiens culturels, des écologistes et d’autres défenseurs des droits humains menacés. Ivor est curateur à l’échelle internationale et siège à plusieurs jurys, revenant parfois à ses racines dans la politique, la philosophie et la pratique littéraire. Artists at Risk (AR) a remporté des prix tels que le Prix d’État de Finlande et le Prix du citoyen européen du Parlement européen.
Diffusion
Duuu Radio, Paris
20, 21, 22 octobre 2025
Diffusion sonore / radiophonique
Projections
24 et 25 octobre 2025 · Gratuit, ouvert à tous·tes.
Vidéodrome 2
49 Cours Julien, 13006 Marseille
Projection de films qui explorent des formes d’attente et de transit à travers des histoires de navires, de voyages et de déplacements incertains. De Hölle Hamburg (2007) à Die Amitié (2024), en passant par MS Deutschland (2015), les projections composent un récit fragmenté, entre départ, retour et disparition, prolongé par des discussions avec les cinéastes invité·es.
Vendredi 24 octobre 2025 – 20h30 :
– MS Deutschland (Juno Meinecke), 2015, 5 min
– Hölle Hamburg / L’enfer de Hambourg (Peter Ott, Ted Gaier), 2007, 89 min
Discussions avec Peter Ott, Ted Gaier, Juno Meinecke
Samedi 25 octobre 2025 – 20h30 :
– MS Deutschland (Juno Meinecke), 2015, 5 min
– Die Amitié (Ute Holl, Peter Ott), 2024, 102 min
– Discussions avec Ute Holl, Peter Ott, Juno Meinecke
Peter Ott est cinéaste et producteur de films. Vit à Hambourg et enseigne le cinéma et la vidéo à la Merz Akademie de Stuttgart. Cofondateur du collectif médiatique Abbildungszentrum et du collectif activiste Schwabinggrad Ballett. Depuis 1988, il réalise ses propres courts-métrages, films de fiction et documentaires, dont Hölle Hamburg (2007, avec Ted Gaier), Jona (Hambourg) (2007), Gesicht und Antwort (2010), Das Milan-Protokoll (2018) et Die Amitié (2024, avec Ute Holl).
Ute Holl est cinéaste, spécialiste des médias et autrice. Vit à Hambourg et à Bâle, professeure de sciences des médias/ esthétique des médias à l’université de Bâle. Ses recherches portent sur l’histoire des médias de la perception et la théorie de la connaissance des médias audiovisuels. Publications : Cinema, Trance and Cybernetics (2002/2017). Avec Peter Ott : Traum, Wolken, Off Exil (2017), Die Amitié (2023).
Ted Gaier est musicien, producteur, praticien du théâtre et performer. Vit et travaille à Hambourg depuis 1983, avec des séjours à Prague, Munich et Berlin. Membre du groupe Die Goldenen Zitronen (fondé en 1984). Participe au groupe germano-ivoirien Gintersdorfer/Klaßen et au collectif Schwabinggrad Ballett. Collabore avec Peter Ott : musique de film pour Hölle Hamburg et Die Amitié (2024). Prix de la critique cinématographique allemande 2018 pour la meilleure musique de film (Das Milan-Protokoll).
Juno Meinecke est réalisatrice, cinéaste et autrice. Elle travaille également comme actrice et musicienne, vit à Berlin. Ses films ont été présentés à Hof, Oberhausen, Kassel, Sarrebruck et Oulu, à l’ARD, à la Bundeskunsthalle de Bonn, et dans divers lieux artistiques. Lauréate de plusieurs prix pour ses clips musicaux. En 2020, elle cofonde filesfrommoria, archive en ligne de vidéos de résident·es du camp de Moria (Lesbos).
Conférence de Nora Sternfeld
Counter Monuments and Para-Monuments – Memory Politics in Public Space
Jeudi 30 octobre 2025 · 18h · Conférence en anglais, participation gratuite sur inscription : stephanie.kraemer@goethe.de
IMéRA (AMU), 2 place Leverrier, 13004 Marseille
« De ce qui a été, rien ne se conclut jamais qui légitime ce qui est. » – Jacques Rancière
Le philosophe Jacques Rancière formule la tâche impossible du travail de mémoire : « Ce qui est ne peut jamais être justifié par ce qui a été, quelles que soient les conclusions que nous tirons du passé. »
Partant de ce constat, la conférence examine les monuments et se concentre principalement sur les contre-monuments et les para-monuments artistiques des années 1980 à nos jours. Nous découvrirons des stratégies contre-monumentales qui remettent en question le monumental en tant que discours, forme et relation avec le spectateur. Étymologiquement, le terme « monument » contient le mot latin monere (rappeler, exhorter, avertir, faire référence). Il renvoie d’une part au passé et d’autre part à l’avenir. Les monuments sont donc des manifesta- tions qui permettent de s’interroger sur ce qui s’est passé et sur ce que cela signifie pour nous aujourd’hui.
Mais si nous prenons Rancière au sérieux, nous devrions nous poser une question supplémentaire : qu’est-ce qu’un monument qui refuse de justifier ce qui est ? Peut-être un monument qui confronte la nature contestée de l’histoire… Dans ce contexte, je me demanderai ce que pourrait signifier activer la mémoire dans le cadre des discussions, des disputes et des contre-récits contemporains.
Dr. Nora Sternfeld est enseignante en arts plastiques et commissaire d’exposition. Elle est professeure d’éduca- tion artistique à la HFBK de Hambourg. De 2018 à 2020, elle a été professeure à la documenta à la Kunsthoch- schule de Kassel. De 2012 à 2018, elle a été professeure de conservation et de médiation artistique à l’université Aalto d’Helsinki. Elle est également codirectrice du programme d’études /ecm – Study Programme for Exhibition Theory and Practice à l’Université des arts appliqués de Vienne, cofondatrice et membre de trafo.K, Office for Education, Art and Critical Knowledge Production (Vienne), depuis 2022 de INGLAM – Inglourious Art Mediators – un groupe de performances-conférences (Hambourg) et, depuis 2011, de freethought, plateforme de recherche, d’éducation et de production (Londres). Elle publie des articles sur l’art contemporain, la théorie de l’éducation, les expositions, la politique historique et l’antiracisme.
les ateliers blancarde – art contemporain & économie circulaire – est un tiers-lieu d’expérimentation artistique, social et solidaire.
1er étage de la gare SNCF Marseille Blancarde.
les ateliers blancarde est une initiative Dos Mares
Instagram : @lesateliersblancarde
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